Détournements

Commisaire : Pascale Beaudet
Une exposition itinérante organisée par le Centre des arts actuels Skol et présentée par le Conseil des arts de Montréal dans le cadre du programme Exposer dans l'île.
De octobre 2003 à juillet 2004

Gwenaël Bélanger

Par Pascale Beaudet, commisaire

Chutes, une série d’œuvres entamée en avril 2003, met en évidence le caractère éphémère des choses par la destruction totale ou relative de plusieurs types d’objets. Ces objets s’écrasent au sol de diverses façons, dépendant de leur résistance et de leur poids : ainsi le veut la loi de la gravité. Le gaspillage et l’économie de consommation ne sont pas visés ici mais plutôt l’intérêt pour un état d’entropie croissante.

L’artiste nous livre un commentaire sur le transitoire tout en donnant à voir des images spectaculaires ou délicates, mais construit en même temps une narration remplie de trous : dans quel ordre les impacts ont-ils pu se produire ? Qu’est-ce qui a été cassé et comment l’objet s’est-il
fracassé contre le sol ? Dans cette narration truquée, l’artiste tend un piège à la personne qui regarderait trop rapidement. Le pouvoir de fascination qu’engendre habituellement la photographie persiste mais se trouve miné de l’intérieur.

Il y a quelques années, Bélanger avait exposé des affiches dans le métro, sur lesquelles différentes images étaient proposées : choisissez la plus belle tache, demandait-il au voyageur , la masse de noir qui a le plus de sensibilité, la lettre que vous préférez… En fin de compte, par ce faux test psychologique, l’individu observateur était renvoyé à lui-même, à ses choix et à ses goûts : toutes les réponses étaient bonnes. Les Chutes demandent aussi une participation active mais cette fois elle est sollicitée indirectement. Il s’agit d’un détournement de regard, en quelque sorte…